Eternels étrangers de l'intérieur ? : Les groupes tsiganes en France
L'expression « Gens du voyage », pour reprendre l'appellation impropre employée par les pouvoirs publics, renvoie à un ensemble de petits groupes de traditions, de religions et d'histoires souvent différentes qui s'auto-désignent Roms, Gitans, Manouches ou Yéniches. Quatre cent mille en France, les Tsiganes, qu'ils soient sédentaires ou nomades, intriguent, suscitent de la fascination, provoquent le rejet. Comment les définir ? Pourquoi ces populations se sont-elles distinguées de celles qui les entourent? Comment s'approprient-elles les réalités du monde auquel elles participent ? Quelles sont la nature et l'origine du rejet dont les populations tsiganes sont victimes ? C'est tout l'objet de la recherche présentée ici par le sociologue Christophe Robert : analyse de l'entre-soi des groupes tsiganes, du regard extérieur qui leur est porté, de la place que leur confèrent les institutions, des relations qui s'établissent au quotidien avec les non-Tsiganes... Plus largement, l'étude de ces groupes composites - dont les pratiques et les représentations se renouvellent en permanence au sein d'un ensemble social plus vaste - permet une lecture sociologique plus étendue, des effets suscités par les pressions institutionnelles, sociales et économiques sur une minorité culturelle « intérieure à la nation ». Elle offre aussi une analyse des réactions que provoque sur la société majoritaire l'affirmation de modes de vie et de positionnements sociaux en rupture avec elle.