L'indiscrétion des frères Goncourt - Prix Femina de l'essai 2004
Historiens et biographes, critiques d'art, dramaturges, romanciers, Jules et Edmond de Goncourt comptent parmi les écrivains majeurs du XIXe siècle. Beaucoup ne voient dans leur Journal, matière de cet essai, que cancans et calomnies. N'est-ce pas méjuger le travail le travail des deux frères ? Chaque soir, ils se font un devoir de consigner à chaud, sans vergogne, tout ce qu'ils ont vu, surpris, entendu : des habitudes sexuelles d'Alphonse Daudet aux problèmes de vessie d'Emile Zola, sans ménager leurs propres travers. Leur indiscrétion ne fait pas de quartier. Ils la revendiquent haut et fort, s'attachant à recueillir, comme chargés de mission, ce qui, sans eux, se perdrait dans les oubliettes de la bienséance et de l'histoire. Un cas sans exemple dans notre littérature. Le Journal des Goncourt est en effet le premier journal d'écrivain publié du vivant de ses auteurs, et leur indiscrétion fait partie d'un projet d'ensemble : tout dire sur tous, ne rien cacher de personne. Dans ce sens, ne sont-ils pas les annonciateurs d'une modernité qui éclate de nos jours ?