Avis sur le livre : La maîtresse de Carlos Gardel
La route de Micaela, élève infirmière à Porto Rico, croise un jour celle de Carlos Gardel (1890-1935). Elle est noire, pauvre et petite-fille d’une guérisseuse réputée. Il est blanc, argentin et chanteur : l’une des légendes vivantes du tango. Syphilitique, il a appelé sa grand-mère à la rescousse pour préserver sa voix. Micaela et Gardel vont vivre une histoire d’amour pendant vingt-sept jours. Une parenthèse au cours de laquelle l’artiste se livre sur ses débuts difficiles et initie Micaela à la sensualité. Au seuil de la mort, celle-ci, devenue gynécologue, se souvient. Dans ce prenant roman de formation, l’écrivaine portoricaine Mayra Santos-Febres, dont La Maîtresse de Carlos Gardel est le deuxième livre traduit (sur une quinzaine), évoque l’ascension sociale de deux êtres mus par un même désir : échapper à leur milieu d’origine. Son récit se lit aussi comme le portrait du Porto Rico des années 1930, quand l’accès à la contraception permit aux femmes de s’émanciper. Un habile conte moderne.
Ariane Singer, Le Monde des Livres