Avis sur le livre : Les Minots: Une enquête à Marseille
Omerta des habitants, déni des élus et représailles en sous-sol. Les gosses employés par les trafiquants savent qu'ils risquent des sévices, au sécateur, à la batte de baseball, s'ils filoutent le boss. Ou une bastos dans la tête. Ils considèrent que c'est la règle du jeu. "L'un d'eux m'a raconté, froidement, avoir séquestré un 'collègue' pendant deux-trois jours dans une cave. Ils ont intégré la violence à un niveau qu'on n'imagine pas. Ils ont vu des morts, du sang, des armes. C'est presque banal pour eux." L'auteur en a rencontré de toutes les sortes, de ces mouflets. Des fainéants appâtés par le fric, des charismatiques qui se voient comme des commerçants, et d'autres qui tentent d'échapper à l'engrenage. "Il n'y a pas de bouquin sur eux. Je voulais zoomer sur les petites mains du narcobanditisme, qui sont, au fond, de la chair à canon." On pourrait les toucher du doigt, les minots emplis d'ombres, les adultes harassés, tant Romain Capdepon a su les incarner. De l'âme et des faits : la marque du grand journalisme.
Sandra Benedetti, l'Express