Avis sur le livre : Conversion
Les deux histoires courent en parallèle, la tension de l’une faisant écho à la mémoire de l’autre. Toutes deux, inspirées de faits réels, se situent au même endroit, dans le Massachusetts. Et mettent en scène un groupe de jeunes filles prises dans une spirale de folie. Mais plus de trois siècles les séparent. La première se déroule aujourd’hui, à Danvers, dans une école privée huppée. La narratrice, élève de terminale, obsédée comme les autres par son admission dans une université prestigieuse, assiste à l’« épidémie » qui frappe plusieurs filles de sa classe : convulsions, paralysie, troubles de l’élocution. Le texte est rapide, largement dialogué, le regard très juste. Trois siècles plus tôt, Danvers s’appelait Salem Village. Ann Putnam raconte, jour par jour, la tragédie qui conduisit à l’exécution de dix-neuf personnes que la ville accusa, avec d’autres filles, de sorcellerie et d’envoûtement. Katherine Howe, historienne, descendante d’une des « sorcières de Salem », lui donne une voix d’une grande sensibilité. L’ensemble, de plus en plus tendu, est saisissant, à commencer par le parti pris de l’auteur : et si le stress de ces jeunes filles, soumises, d’une époque à l’autre, à d’extraordinaires pressions, les avait fait craquer ?
Source : Michel Abescat, Télérama