Avis sur le livre : Belleville au coeur
Une lecture que l’on commence avec une boule au ventre, et que l’on termine avec les larmes aux yeux. 158 pages qui resteront gravées, dans la mémoire et dans le cœur. Un livre, qui est tout sauf une fiction. Une descente aux enfers dont beaucoup sont victimes, à la connaissance de tous, mais le plus souvent dans l’indifférence générale. Ce n’est pas un roman, c’est un récit. Celui d’une vie qui bascule de l’autre côté. Christian a tout pour être heureux : un bon travail, un bel appart, une femme et un enfant qu’il adore. Que demander de plus ? Rien, et d’ailleurs il ne demande rien. Et pourtant, en un claquement de doigts, tout va disparaître. Toutes ces choses qui lui appartenaient, cette vie tranquille, ces bonheurs simples, vont s’envoler. Plus rien, seul, à la rue. Alors il nous raconte. Les petits plans, pour essayer de dormir au chaud, de se laver, de s’en sortir. Les amitiés, les sincères, celles de la Rue, les seules qui vaillent vraiment dans cette vie là. Les regards qu’il évite, et aussi ceux qui l’évitent, lui, bien trop nombreux. Les besoins simples, élémentaires, humains : manger, dormir, se laver. Ces besoins qui sont des droits, mais pour lesquels il doit lutter, jour après jour. Confronté au froid, à la faim, à la chaleur. Et surtout à l’indifférence. Celle de nos politiques de tous bords, qui ne font rien. Et celle des autres, la notre. La plus intolérable, la plus inexcusable. Ce livre est un rappel à l’ordre. Nécessaire. Capital même. Parce qu’on oublie, trop souvent, trop facilement, que tout ne tient qu’à un fil. Que nos petites vies bien tranquilles, dont on se plaint avec tant d’inconscience, pourraient voler en éclats du jour au lendemain. Parce que personne n’est à l’abri du coup du sort. Parce que nul ne peut être assuré que ça ne lui arrivera pas, demain, l’année prochaine ou dans 10 ans. Parce qu’en se plaignant d’avoir trop peu alors que le nécessaire est partout autour de nous, on oublie ceux qui n’ont rien, réellement plus rien. Alors, même si on ne peut pas sauver le monde entier, offrir un regard, un mot, un sourire, pour nous c’est trois fois rien. Mais pour ceux qui n’ont vraiment rien, c’est une porte ouverte sur l’humanité.
Les lectures d'Anne-Sophie