Avis sur le livre : Piano ostinato
Au cœur de Piano ostinato, il y a ce soir de janvier où, en plein concert, Gilles, pianiste « réputé chez les spécialistes », est frappé par une douleur terrible au majeur droit. Le même doigt dont la subite paralysie avait mis un terme à la carrière d’interprète de Robert Schumann (1810-1856), compositeur du Concerto en la mineur joué ce jour-là. Autour de cet événement et de ses conséquences, Ségolène Dargnies construit un court texte concentrique, dont les longues phrases suivent les réflexions de Gilles à mesure qu’il aligne les allers-retours dans une piscine. Car un médecin, incapable d’expliquer son mal, l’a encouragé à se lancer dans « des choses qui [lui] sont d’habitude étrangères ». Etonnamment allègre, ce premier roman raconte comment un homme n’ayant vécu que pour la musique finit par trouver, en se délestant de tout, son propre tempo.
Raphaëlle Leyris, Le Monde des livres