Couverture du livre : Revenir

Avis sur le livre : Revenir

Depuis combien de temps l’écriture éloigne-t-elle Hira de lui-même, mais aussi d’« Elle ». « Elle », dont on ne saura presque rien, semble vouée à mener une vie qui se confond avec un roman « qui s’appellerait Attendre » : attendre, tantôt qu’Hira s’extirpe de son bureau d’écriture, tantôt qu’il revienne de Madagascar ou d’ailleurs. Voilà trente ans désormais qu’il lutte pour arracher au silence les crimes de l’époque coloniale ou de la dictature. Trente ans qu’il se croit destiné à écrire l’histoire terrible de son père, violemment mêlée à l’histoire postcoloniale. Teinté d’autobiographie, ce roman luxuriant assume le mode tragique et son lyrisme dru, au fil des 300 pages qu’il faudra à Hira pour comprendre qu’il lui faut occuper non la place de scribe familial, mais la sienne propre, près de ses enfants, reprendre pied sur le rivage, oublier les sirènes.

Bertrand Leclair, Le Monde des Livres