Avis sur le livre : Le Peintre d'Aquarelles
Marcel, 76 ans, sorti de l’hôpital psychiatrique où l’avait interné sa mère cinquante-trois années plus tôt, ne se contentera plus de peindre des paysages sur des toiles. Désormais, il se dépeindra lui aussi, en se racontant dans le journal qu’il débute, d’abord gauche, et tient sous nos yeux. D’une plume joliment simple, presque enfantine, Marcel confie son passé et ses pensées intimes au fil de ce qui pourrait s’apparenter à une thérapie par l’écriture. Thérapie nécessaire, puisque les hallucinations qu’il avait autrefois, les crises qui ont engendré son « incarcération » n’ont pas disparu. En témoigne leur résurgence, entre des paragraphes sur sa vie en asile qui ne sont pas sans évoquer le travail d’ethnologie d’Erving Goffman (Asiles, Minuit, 1968). Touchant autant par son humilité que par son innocente culpabilité, Marcel se fait porte-parole des fonctions que l’écrivain québécois Michel Tremblay attribue à l’écriture, dans ce récit de soi où la recherche du beau se confond avec l’apaisement de la confidence. Ag. Mo.
Le Monde