Avis sur le livre : Sur un mauvais adieu
On pensait tout connaître de Harry Bosch, inspecteur solitaire et taciturne inventé par l’Américain Michael Connelly en 1992 avec Les Egouts de Los Angeles (Seuil, 1993). On s’était même un peu lassé des enquêtes de cet ancien combattant de la guerre du Vietnam après des romans poussifs comme A genoux (Seuil, 2008) et Les Neuf Dragons (Seuil, 2011). Puis Connelly s’est repris. Sur un mauvais adieu prolonge cette embellie. Dans ce dix-neuvième opus, Harry Bosch, officiellement à la retraite du LAPD, donne un coup de main à la police de San Fernando, qui a perdu une part de ses effectifs depuis le krach financier de 2008. En parallèle, il accepte la mission d’un riche industriel : retrouver un héritier qu’il n’a jamais reconnu, afin de lui léguer sa fortune. Malheureusement pour Bosch, San Fernando est en état d’alerte : un violeur y sévit et terrorise les femmes. Plus lent que d’habitude, Sur un mauvais adieu ne vaut pas tant pour ses intrigues, captivantes mais somme toute assez classiques, que pour les références littéraires qui s’y nichent – notamment au Grand Sommeil, de Chandler – et pour la mise en abyme intertextuelle qu’opère Michael Connelly, avec des rappels aux précédentes enquêtes d’Harry Bosch. L’ancien chroniqueur judiciaire poursuit sa fresque impressionniste de Los Angeles et de sa périphérie. Cette fois, il radiographie les névroses des villes de banlieue, majoritairement hispanophones, où la population nourrit un sentiment de relégation et d’abandon par rapport à la grande voisine qui l’encercle.
A. B., Le Monde