Languedoc-Roussillon
Le vrai Midi, c'était l'autre. Avant de prendre des airs de Floride franchouillarde, le Languedoc-Roussillon se contentait d'être la voie royale du soleil d'Espagne. Derrière les rambardes de l'autoroute défilait une sorte de Midi à demi grillé par le soleil, où les raisins avaient le goût de la colère et les montagnes un parfum d'hérésie. On ne se trompait guère. Le Languedoc est une route qui s'emprunte mais ne se livre guère. Cette région a cette grâce fonctionnelle des architectures, elle constitue le pan oriental de l'arc roman par lequel l'Hexagone enjambe la Méditerranée. Elle dessine une sorte d'amphithéâtre aux gradins ouverts sur le large, un ensemble naturel où des peuples cousins ont appris à se confondre. Toulouse a déteint sur Carcassonne, la Catalogne campe sur le rebord pyrénéen, l'air de Nîmes sent la provence. Le Languedoc-Roussillon fut un brasseur d'horizons, qui brilla sur l'échiquier européen. Ici le soleil dore et découpe toute chose au scalpel. Sa franchise ombrageuse donne le ton, celui d'un pays auquel on s'accroche parce qu'il est beau.