Par delà le bien et le mal
Publié en 1886, ce livre, pourtant l'un des plus accessibles de Nietzsche, sera boudé par la critique et les lecteurs : de la première édition, il ne vendra que 114 exemplaires ! Il est vrai que lui même prophétise qu'il ne sera compris qu'aux alentours de l'an 2000. Dans sa préface, Daniel Halévy situe l'ouvrage dans l'oeuvre de Nietzsche et souligne la seule exception à cette indifférence : la lettre qu'adressa à Nietzsche, pour le remercier de l'envoi de son livre, le grand critique français Taine. Laissons Nietzsche présenter son ouvrage, en 1888 : "Ce livre est, pour l'essentiel, une critique de la modernité - sans en exclure les sciences modernes, les arts modernes, ni même la politique moderne. Il contient aussi des indications sur un type opposé, aussi peu moderne que possible, un type aristocratique, qui "dit oui". Dans ce sens, ce livre est une école du gentilhomme, en prenant ce mot dans un sens plus intellectuel et plus radical qu'on ne l'a jamais fait (...). Tout ce dont notre époque est fière, on le ressent ici comme opposé à ce type, et presque comme de mauvaises manières, par exemple la fameuse "objectivité", la "sympathie pour tous ceux qui souffrent", le "sens historique", avec sa soumission au goût des autres... On ne trouvera pas dans ce livre une seule parole indulgente...".