Le Procès de Shamgorod : Tel qu'il se déroula le 25 février 1649, pièce en 3 actes
En Russie, de nos jours, à moins de faire partie de l'élite privilégiée, il faut se démener pour obtenir le moindre avantage. Les vêtements neufs, les livres scolaires, les produits d'alimentation décents s'acquièrent - si tant est qu'ils s'acquièrent - aux prix de difficultés qu'un Occidental aurait peine à imaginer. Aux yeux du citadin, le bien le plus précieux est, à n'en pas douter, la surface habitable. Que ne ferait-il pas pour parvenir à l'accroître ! Et Vladimir Voinovitch, en dépit de son existence précaire d'écrivain dissident, ne fait pas exception à la règle. L'Ivankiade relate le combat qu'il livra contre les institutions pour obtenir l'appartement de deux pièces auquel il avait droit dans un immeuble appartement à la Coopérative des écrivains de Moscou. Sur son chemin se dressait son voisin, l'impudent Ivanko, que tous craignaient et révéraient. Ce personnage très influent, lié d'une quelconque façon au KGB, était résolu à agrandir son appartement déjà vaste, afin d'y installer un somptueux cabinet de toilette, importé des Etats-Unis. Néanmoins, en s'appuyant sur la loi, en invoquant le principe de l'égalité. Vladimir remporte, après bien des péripéties, une victoire totale sur son terrible adversaire. Dans les Aventures singulières du soldat Ivan Tchonkine, l'écrivain exerçait se verve satirique contre l'Armée rouge. Dans le présent récit. Il s'en prend, avec un égal talent, à l'un des autres piliers de l'Etat soviétique : la bureaucratie. Une oeuvre audacieuse qui, dans la mesure où elle s'attaque aux privilèges en place, expose son auteur aux représailles de ceux qu'il dénonce.