Bloc-notes, tome 3 : 1961-1964
"Me voilà donc seul au bord de la route, je reviens sur mes pas, je pousse le portail d'une maison familière et amie. Non, je ne suis plus triste ; et pourquoi le serais-je ? Les compagnons peuvent changer : ce qui ne change pas, c'est ce que j'ai à dire ; et ce que j'ai à dire je le cache en moi : qui pourrait me le ravir ? [...] "N'empêche qu'il vous faudra dire adieu à la politique..." Il est vrai ; mais la politique, elle, ne me dira pas adieu. Elle colore ma vie que je vous raconte, elle transparaîtra malgré moi. Et puis je garde le droit, même ici, de défendre ceux que j'aime. Si je découvre un crachat sur la manche de De Gaulle, pensez-vous que je me tairai ? La polémique est-elle ou non un genre littéraire ? Elle l'est, bien sûr. Je prendrai la politique, je la baptiserai littérature et elle le deviendra aussitôt."