Théorie des symboles
La théorie des symboles proposée par Norbert Elias est d'une grande ambition synthétique. C'est une théorie du langage, du savoir et de la mémoire. Elle intègre différentes caractéristiques indissociables des êtres humains, en particulier la manière dont ils communiquent les uns avec les autres et leur aptitude à acquérir des connaissances et à s'en souvenir, soit manier des symboles. Pour Elias - et c'est l'aspect le plus radical de sa posture intellectuelle -, elles ne sont pensables sur un mode réaliste qu'à condition de rompre avec la philosophie. Ainsi propose-t-il, notamment, une lecture polémique de la théorie derridienne du langage qu'il propose.
Comme Durkheim en son temps, Elias considérait que la sociologie ne peut laisser indemne aucune tradition intellectuelle établie, en particulier la tradition philosophique. Mais il alla plus loin en cherchant à construire une nouvelle image de l'humanité et à substituer celle-ci à l'image traditionnelle de l'être humain - de l'« homme » - propre à la philosophie occidentale. C'est ce projet impressionnant que déploie Théorie des symboles : celui d'une réorientation des modes et instruments de pensée et celui d'un nouveau modèle des êtres humains auquel les sciences humaines et sociales pourraient se référer. Les chapitres de ce livre abordent les questions suivantes : « Au-delà de la relation sujet-objet », « Par-delà matérialisme et idéalisme », « L'émancipation par les symboles », « L'imbrication du biologique, de l'individuel et du social », « La «cinquième dimension» ».