Le Pouvoir psychiatrique : Cours au Collège de France, 1973-1974
Le cours de l’année 1973/1974 marque une rupture dans la démarche intellectuelle de Michel Foucault. D’un côté, il continue le travail commencé avec l’Histoire de la folie, les procédures, concepts qui font apparaître l’objet « folie », mais de l’autre il rompt avec ses problématiques anciennes : il s’intéresse de plus en plus aux stratégies (plutôt qu’à la violence du pouvoir), et il critique la notion d’institution au profit de l’analyse de courants, relais, points d’appuis , de rapports de force à l’intérieur de dispositions tactiques.
En pleine bagarre anti-psychiatrique, Foucault ne se pose plus la question de la légitimation théorique du savoir psychiatrique, il regarde à l’œuvre le travail des psychiatres et les technologies de pouvoir qu’ils utilisent. D’où l’originalité de ce cours : Foucault ne cherche pas à réformer l’institution asilaire, puisque pour lui l’institution est le produit d’un rapport de forces ; il ne caractérise plus le savoir de l’aliéniste de violence puisque ce savoir est en partie produit aussi par le malade.
Un cours charnière donc, sans lendemain sur la question des hôpitaux psychiatriques, mais qui ouvrait la voie au combat pour les prisonniers.