Sa Majesté la Mort
" La première fois que j'ai entendu parler d'un lieu nommé Auschwitz, d'un camp appelé Skarzysko-Kamienna, d'autres camps portant le nom de Treblinka, Czestochowa, Bergen-Belsen, d'un shtetl Szydlowiec où mon père était né, je devais avoir trois ans et demi. Il me semblait comprendre que, dans ces endroits-là, désignés également comme " K.Z. ", " camp de travail ", " camp de concentration ", " camp d'extermination ", des gens appelés " Allemands ", ou encore " bandits nazis " par mon oncle Israël, emmenaient les Juifs pour les tuer, loin des regards des autres hommes. " Myriam Anissimov veut précisément reporter sous les regards des hommes ces années-là. Qu'est devenu l'oncle Israël, qui écrivait en yiddish des lettres si déchirantes au père de Myriam ? Et comment a disparu l'autre oncle, Samuel, frère de sa mère ? Maintenant que les années ont passé, l'enfance resurgit. Le " home pour internés " de Suisse, l'atelier de confection de Lyon, le village des Pyrénées et aussi New York : la mémoire est partout, la menace de l'oubli est partout. La littérature a cette force de résistance au temps. Grâce à la précision de l'enquête, grâce à l'exigence du coeur, grâce au style. A travers les images bouleversantes ou drôles, à travers la vie qui continue malgré les appels de Sa Majesté la Mort.