Mr. Phillips
Mr. Phillips, c'est vous, c'est moi, l'homme de la rue, le "petit homme" de Gogol, que rien ne distingue de ses voisins - ni ses préjugés, ni ses tabous, ni ses phobies, ni ses fantasmes - et qui voit soudain le ciel lui tomber sur la tête le jour où l'entreprise qu'il a diligemment servie pendant plusieurs décennies le licencie sans cérémonie. Ce Monsieur-Tout-le-Monde, à la cinquantaine bedonnante, va mettre à profit sa première journée d'oisiveté forcée pour s'offrir une promenade dans le Londres d'aujourd'hui et découvrir sa ville, ses congénères, leurs richesses, leurs faiblesses ou leurs bizarreries. La banalité tout apparente de ce périple londonien est subvertie tout au long par l'humour caustique de Lanchester, qui fait la part belle à ces "excentriques" dont la littérature anglaise a le secret. Témoin, par exemple, les trajets en métro aux heures de pointe, la visite guidée de la Tate Gallery et la découverte de la peinture préraphaélite par ce Candide au regard décapant, ou la prise d'otages lors de l'attaque d'une banque.
S'il touche à certaines questions fondamentales sur l'existence : le travail, la place de l'individu tant dans la société que dans la famille, l'amour, le vieillissement, la mort, ce portrait intelligent et spirituel a essentiellement pour but de fournir au lecteur un miroir où se regarder vivre au quotidien.