Jésus après Jésus
Jésus est né juif, il a vécu en juif, il est mort juif. Il n’a donc pas « fondé » le christianisme, et c’est un abus de langage de le désigner comme un « fondateur » de religion. Il est vrai qu’un groupe de disciples s’est réclamé de lui après sa mort, en proclamant sa résurrection. Mais ce groupe lui-même se considérait comme juif : c’était une des nombreuses tendances au sein du judaïsme de l’époque. Comment ce groupe a-t-il fini par devenir « chrétien » ? Quel rôle jouèrent les grandes figures de cette transition : Marie, mère de Jésus, Pierre, leader dans le groupe des apôtres, Jacques, frère de Jésus, et surtout Paul, qui se revendique « apôtre » alors qu’il n’a jamais rencontré Jésus ? Au prix de quelles contradictions, contorsions, illusions en est-on arrivé à une nouvelle religion ? Quelles traces de la fabrication du christianisme peut-on retrouver dans les textes (évangiles, Actes des Apôtres, épitres de Paul) ? Vers la fin du 1 siècle, quels liens, quels différends, quelles ruptures le christianisme naissant entretient-il avec le judaïsme ? Comment peut-il prétendre au titre de verus Israël, l’ « Israël véritable », remplaçant et effaçant l’autre ? Ne faut-il pas chercher là, dans ce coup de force initial, la raison de la violence ultérieure du christianisme, et de la contradiction absolue de cette violence avec le message de Jésus ? Mais au fond, la question essentielle, reposée avec force, n’est-elle pas une fois encore : qui donc était Jésus ?
Un livre neuf, percutant, sans concessions, sur un tournant de l’histoire du monde.
Le livre offre certes un point de vue très critique sur la façon dont les textes du Nouveau Testament racontent « l’invention » du christianisme. Mais il a les mêmes qualités que Jésus contre Jésus (livre écrit après leurs émissions Corpus Christi) : très documenté, très vif, agréable à lire, en un mot surprenant.
Un essai personnel (à deux !) d’après les émissions « L’Origine du christianisme » sur Arte.