L'Invention de Paris : Il n'y a pas de pas perdus
Des places royales aux « faubourgs brumeux », c’est la trame serrée des quartiers parisiens qui organise cette déambulation proposée aux flâneurs des rues et des livres. On y voit naître, au rythme des enceintes successives, l’éclairage public, l’enfermement des pauvres et des fous, le numérotage des maisons, les terrasses de café et la police de proximité. Du Marais des Précieuses au XIe arrondissement des « branchés », on assiste à l’apparition de microvilles dans la ville, celles de Scarron, de Des Grieux, de Desmoulins, de Rubempré et de Lucien Leuwen, celles de Gavroche, de Baudelaire et de Manet, d’Apollinaire, celles encore de Nadja, de Doisneau ou d’Anna Karina. Mais les vrais héros du livre, ce sont des anonymes, les architectes du désordre qui se sont transmis l’art d’empiler « les magiques pavés » : au faubourg Saint-Antoine en prairial an III, au cloître Saint-Merri en juin 1832, au clos Saint-Lazare en juin 1848, à Belleville en mai 1871, au Quartier latin en mai 1968, démontrant à chaque fois – et plaignons ceux qui croient la série close – la force de rupture de Paris.