Le Styliste
Depuis quelques mois, il avait cessé d'aimer la nuit. Maintenant, il en avait peur. Dès que le soir tombait, la conscience de son impuissance et de sa vulnérabilité s'imposait à lui avec plus de force. Dans le silence de la nuit, chaque son — même le plus innocent — devenait le signe avant-coureur d'un danger invisible mais inéluctable. Il s'efforçait de chasser ces pensées, mais elles revenaient sans cesse et il ne parvenait pas à les fuir.
Ainsi commence un des meilleurs romans de l'ex-inspectrice de police de Moscou, Alexandra Marinina.
L'homme qui a peur est V.A. Soloviov, un invalide condamné au fauteuil roulant. Spécialiste de langues orientales, il vit de son travail de traducteur pour une maison d'édition qui a lancé une collection populaire où ses travaux figurent en bonne place. Malheureusement, sa femme est morte et son fils est devenu un vaurien qui a de très mauvaises fréquentations. Soloviov est aussi l'ancien amant de l'inspectrice de police Kamenskaïa qui - les hasards du travail - a décidé de venir le revoir, non pas pour vérifier si, comme elle le lui fait croire, elle l'aime toujours, mais pour pouvoir observer le quartier où il habite et où sévit un pédophile particulièrement habile et dangereux ; neuf garçons ont déjà disparu et certains étant Juifs, le scandale risque de devenir important si le coupable n'est pas vitre retrouvé.
Confusion chez l'ex-séducteur Soloviov, qui est aujourd'hui flanqué d'un nouvel assistant, un certain Andreï, que sa maison d'édition, qui le chouchoute, lui a trouvé.
Tout occupée qu'elle soit à son enquête, Kamenskaïa comprend vite que cet Andreï n'est pas clair et que peut-être...
Une intrigue bien tenue, le milieu décrit étant celui d'une édition russe où l'appât du gain et le manque de lois claires sur la propriété littéraire permettent de très vilains trafics.