C'est en hiver que les jours rallongent
« Les projecteurs éclairent des rues vides, des alignements de bâtisses de briques sombres. Vides ? Mais qui est donc ce petit bonhomme qui sprinte comme un dératé dans la lueur de glace qui illumine le Lager comme pour une fête ? Ça va être la tienne de fête, crétin ! Je cours, je cours, je cours. J’attends la rafale qui va partir d’un des miradors. Personne ne peut y couper. Chaque poste de surveillance tient sous son feu un axe dont on ne peut pas sortir. Reste la solution de me balancer sur les barbelés électrifiés. Je découvre réellement la peur. Pas une angoisse, pas l’imaginaire en mouvement. Le réel. Je suis le « 1000 » d’une cible pour tous les mitrailleurs SS. Seule question, quel mirador va tirer le premier ? C’est à ce moment précis que j’ai cessé de faire partie du monde « normal » et revêtu ma nouvelle peau : celle de déporté. »