Elle est partie
Une jeune fille erre dans Paris, dort dans les parkings et les gares, mange dans les jardins publics. Elle possède un appartement confortable mais n'y met plus les pieds. Elle se lave de moins en moins souvent, finit, comme à contre-coeur, par aller dans un dispensaire pour SDF quand la douleur de son épaule augmente, mais ne poursuit pas les soins qu'on lui a prescrit.Au début, elle téléphone de temps en temps au fondé de pouvoir de son père, à Genève. Elle demande qu'on lui envoie de l'argent, des petites sommes, juste de quoi ne pas mourir de faim. Puis elle ne téléphone plus, ou plutôt elle téléphone encore une fois. Mais sans parler.Dans le sac qu'elle trimballe il y a son passeport, un passeport suisse. Elle est la fille d'un banquier, une banque ancienne et traditionnelle. Elle a fait ses études dans le collège le plus chic et le plus cher du monde. Sa grand-mère habite dans un de ces hôtels particuliers où la richesse se cache. Ses parents habitent maintenant " les Ombraies ", une villa sur le lac où sa mère fait régner l'ordre genevois le plus strict. Rien ne doit déranger cette décence.