La Peau des mots : Réflexions sur la question éthique
Attraper les droits de l'homme par la peau des mots qui servent à les dire, pour protester contre l'universalisme mou du droit-de-l'hommiste, les attraper par leurs phrases fondatrices : dans les Institutiones de Justinien (" La justice est la volonté ferme et permanente qui distribue à chacun le droit qui lui est imparti "), au théâtre avec Térence l'Africain (" Je suis homme, et rien de ce qui est humain, je ne le tiens pour m'être étranger "), ou encore à travers les traités d'Aristote (l'homme : un animal politique doué de logos), tel est le but que poursuit ici Jean-Toussaint Desanti.Saisir donc la peau des vieux mots avec les gestes du présent, ceux dont on ne dispose qu'aujourd'hui, et qui relèvent de notre épistèmè et de nos épistémologies à nous : expériences fictives, recouvrements signitifs, fonctions, réductions, etc., ceux d'un philosophe qui a traversé dans tous ses aspects intellectuels et politiques, l'histoire du XXe siècle.Ce manuscrit, inachevé, mais substantiel, est à plusieurs mains. L'auteur Jean-Toussaint Desanti est évidemment premier scribe, mais on n'a retrouvé qu'une partie de l'original, les trois-quarts du second chapitre. Dominique-Antoine Grisoni, son interlocuteur constant, avait décidé avec lui du texte complet, riche d'autres interventions, notes et entretiens, et l'avait rédigé sous forme de dialogue. Il s'y donnait à lui-même le rôle d'interlocuteur de Socrate, demandeur de précisions et d'exemples, relançant pour rappeler à l'ordre promis... Il laissa à sa propre mort La Peau des mots, avec des commentaires, des questions marginales, des blancs, des demandes de vérification, des citations incertaines, lesquelles ont toutes été collationnées et mises au point par Barbara Cassin et les meilleurs « consultants » : Yan Thomas, Jean-François Courtine, Françoise Balibar, Alain Badiou et Dominique Desanti.