Danse, danse, danse
Ce roman est la suite de La Course au mouton sauvage. Le narrateur retourne à Sapporo (Hokkaïdo), à l'Hôtel du Dauphin, à la recherche de Kiki, la call-girl de luxe aux merveilleuses oreilles dont il a entendu en rêve l'appel au secours. L'Hôtel du Dauphin est devenu un immense palace, financé par la spéculation immobiliaire et la corruption. L'un des leitmotive du roman est une scène d'un film de série B, Amour sans espoir, dans lequel tourne l'un de ses anciens condisciples, Gotanda, avec l'énigmatique Kiki. Le narrateur, à Sapporo puis à Tokyo, visionne ce navet de façon obsessionnelle, renoue avec Gotanda et découvre l'existence d'un réseau international de call-girls de luxe. A la fin du livre Gotanda avoue qu'il a tué Kiki, et met fin à ses jours. Entretemps le narrateur aura aimé May, collègue de Kiki, peu après retrouvée étranglée.
Dans une réalité parallèle, l'Homme mouton, déjà messager de l'autre-monde dans La Course au mouton sauvage, rencontré dans les ténèbres paranormales du 15e étage de l'Hôtel du Dauphin, lui aura délivré son injonction: «Danse, continue à danser», qui donne le titre du livre. C'est dans cet hôtel que le narrateur noue une idylle d'abord platonique avec Yumioshi, la jeune fille de la réception, avec laquelle il aura finalement une relation amoureuse, revenant en sa compagnie du monde des ténébres.
L'auteur a intercalé une histoire dans le roman: sa pérégrination avec une jeune fille de quinze ans, Yuki («neige») de Sapporo à Hawaï puis à nouveau à Tokyo.
Le style d'Haruki Murakami reste d'une extrême simplicité, une limpidité en parfaite communion avec l'impression de transparence que dégage le roman. L'oeuvre de Murakami est absolument moderne, sans référence aucune aux classiques japonais. En enquêtant, en «dansant», le héros déchiffre les arcanes singulières de son accès au réel, sur fond d'esthétique du vide et de lucidité zen.
Le narrateur est celui de La course au mouton sauvage, un publicitaire de trente-quatre ans, branché filles, bouffe et scotch, musique pop et vieilles bagnoles. Seul ou en compagnie de filles médiums, le narrateur traverse des états de réalité non ordinaire en certains lieux emblématiques.