Je suis mort hier
Belle jeune femme de vingt six ans, Viktoria Eremina a été retrouvée étranglée dans les bois de Saviolov, à 75 km de Moscou. Elle travaillait dans une société du secteur privé où, elle servait d'"hôtesse d'accueil" pour les clients étrangers de passage à Moscou. Bref, elle se prostituait pour son patron, celui-ci, qui l'appréciait beaucoup, fermant les yeux sur l'alcoolisme prononcé de son employée. Aucne famille connue, mais un amant, Boris Kartachov, un peintre qui avait téléphoné au bureau, inquiet de ne pas la voir revenir au bout de plusieurs jours d'absence. Le phénomène n'était pas rare, mais avant de disparaître, la jeune fille lui avait paru si bizarre qu'il avait consulté un psychiatre, le docteur Maslennikov: Vika affirmait que quelqu'un lui aurait volé un cauchemar qu'elle faisait depuis des années... pour le diffuser à la radio. Dans ce cauchemar figure une main rouge de sang qui glisse sur un mur et une mystérieuse clé de sol de couleur verte. D'après le rapport d'enquête, le psychiatre aurait conclu à une psychose grave connue sous le nom de syndrome de Kandanski-Clérambault et justiciable d'enfermement en hôpital.
Anastasia Kamenskaïa, trente trois ans, juriste et criminologue, se lance dans son enquête sans trop croire à une quelconque réussite. Pendant ce temps-là, dans un bar quelque part à Moscou, trois hommes, dont l'un, "Arsène", 63 ans, a une mâchoire émaillée de dents d'acier, se sont réunis et se jurent d'empêcher Anastasia d'arriver à ses fins: qu'aucune inculpation ne soit prononcée avant la mi janvier et "tout", mais quoi au juste? ira comme le veut l'organisation.
L'enquête d'Anastasia piétine jusqu'au moment où elle découvre un silence curieux dans une bande de répondeur téléphonique du peintre. La réponse du laboratoire est claire: Boris a effacé un morceau de la bande. Et il n'y a pas que ça: l'ami de Boris qui l'a mis en contact avec le psychiatre est mort écrasé. Banal accident ou bien s'agit-il d'un meurtre? Et pourquoi? Anastasia va voir le psychiatre qui dément aussitôt le témoignage de Boris: jamais il n'a parlé de syndrome pour la simple et bonne raison qu'il n'a jamais vu la victime. C'est alors que, son affaire étant loin d'être résolue, Anastasia part pour Rome et que brusquement tout se gâte, et très sérieusement, pour elle.
Ecrit dans une langue simple et superbement traduit par Galia Akerman et Pierre Lorrain, ce livre nous parle d'un monde sinistre et violent, mais ne verse pas dans le voyeurisme qui a fait les beaux jours de la littérature policière du début des années 90. Aussi bien Alexandra Marinina ne s'intéresse-t-elle au phénomène de la corruption que parce que, malheureusement, il est omniprésent dans la société russe d'aujourd'hui. Construit plus comme un Agatha Christie ou un Simenon, l'ouvrage est ample et compliqué à souhait et s'adresse à tous.
Ancien lieutenant-colonel de la police judiciaire de Moscou et véritable phénomène de l'édition russe, Alexandra Marinina a écrit plus de dix sept romans sur l'incorruptible Anastasia Kamenskaïa.