Quarante et Un Coups de canon
Le jeune Luo Xiaotong tire comme au canon les 41 histoires du bourg des bouchers -où l'on s'enrichit selon les préceptes de la Chine nouvelle. « Chez nous, les enfants qui aiment mentir, on les appelle les enfants-canons, mais moi dans ce que je vous raconte, grand moine, tout est juste. »
Dans un vieux temple délabré, le jeune Luo Xiaotong, qui aspire à la sagesse, raconte sa vie au vieux moine Lan. Dans le même temps -les deux récits se croisent -il décrit et commente ce qui se passe dans ce temple et alentour. Luo Xiaotong, abandonné par son père, est élevé par sa mère qui s'est enrichie en un temps record. La passion de l'enfant c'est manger de la viande... et pourtant, au moment où il parle, il est justement en train d'y renoncer pour devenir moine...
Au fil des 41 histoires et des deux chronologies parallèles, Mo Yan met en scène une foule de personnages hauts en couleur : la tante Mule Sauvage, grande séductrice, Lan Laoda, débauché aux capacités sexuelles exceptionnelles, Huang Biao, éleveur de chiens de boucherie... tout un bourg rural depuis la fin des années 80. Il brocarde, sans mâcher ses mots, l'absence de valeurs d'une société désormais sous l'empire de l'avidité et de la gloutonnerie. D'un livre à l'autre Mo Yan bâtit son oeuvre : il innove et expérimente. Il affirme dans sa postface l'importance, pour ce livre, de la narration elle-même et du jeu autour de la vérité -histoires croisées et réel. Le personnage principal, dit-il encore, est un narrateur adulte qui, tel Oscar dans Le Tambour de Günter Grass, a refusé de grandir. Non pas physiquement, mais mentalement.