Le Dernier Voyage d'Horatio II
Comme Sans nouvelles de Gurb, ce roman a été à l’origine publié en feuilleton dans le journal El Pais. Comme Sans nouvelles de Gurb, le Mystère de la crypte ensorcelée et le Labyrinthe aux olives, il s’agit d’un roman délirant, une farce qui emprunte à la science-fiction quant à la trame narrative et au langage quasi juridique quant à la forme. Horatio II est aux commandes d’un vaisseau spatial chargé d’une mission pour le moins incertaine. Il doit mener vers une destination inconnue des passagers qui sont les symboles manifestes des secteurs les plus marginaux et marginalisés de la société : des délinquants, des prostituées et des vieillards. A bord du vaisseau règne un chaos indescriptible : équipage, médecins et passagers alcooliques, matériel obsolète, saleté, manque de vivres et d’eau potable etc. Le commandant, qui cultive l’art de l’incompétence et de la bêtise, ne cesse de donner des ordres contradictoires selon qu’il se fait manipuler par les uns et par les autres. Deux haltes dans des stations spatiales semi-abandonnées, Fermat IV et Derrida, où vivent dans l’une un gouverneur et une bande de pirates, dans l’autre un duc, une duchesse et leur cour de malfrats mènent tout ce petit monde à vivre des aventures invraisemblables autour de trocs en tout genre, faux banquets, faux spectacles, vraies guerres, vols, manifestations, chantages, avaries. Comme souvent chez Mendoza, la parodie sert d’écran à des situations sociales dramatiquement réelles et le burlesque à dénoncer des pratiques politiques condamnables. C’est un roman loufoque et terriblement drôle.