La Science des adieux
La Science des adieux raconte l'incroyable histoire de Nadejda et Ossip Mandelstam, dans la Russie des années vingt et trente bouleversée par la révolution et la guerre civile. Dès leur première rencontre en 1919 à Kiev, Nadejda est fascinée par les vers du poète et un amour absolu naît aussitôt entre eux. Ils se marient et ne se quitteront pratiquement plus, jusqu'en 1938 année où Ossip est déporté et meurt dans un goulag sibérien. Tout au long de ces vingt ans de vie commune, affrontant la guerre civile, la faim qui n'épargne personne, la maladie, la peur, les délations, les trahisons, les vexations littéraires et politiques, Ossip et Nadejda sillonnent le pays, de Kiev à Saint-Pétersbourg, puis en Crimée, à Moscou, en Arménie, à Yalta, et dans différents sanatoriums pour tenter de recouvrer un semblant de santé. La misère les guette toujours, car il écrit beaucoup et publie peu.Ce qui importe pour Ossip, c'est que Nadja soit à ses côtés, car sans elle il ne peut pas écrire, il ne peut pas penser : la nuit, s'il reste éveillé, elle veille avec lui et écrit les vers qu'il lui dicte avant de les rassembler dans une petite valise et surtout de les apprendre par coeur pour qu'ils puissent être réécrits si les originaux devaient être perdus, réquisitionnés, ou brûlés. Comme le font tous les poètes de l'époque, elle confie les vers de son mari à sa mémoire et à celle de leurs amis : Goumilev, Akhmatova, Maïakovski, Pasternak... Car si la période qu'ils traversent est une des plus noires de ce siècle, c'est aussi l'une des plus riches de l'histoire littéraire. En agissant de la sorte, Nadejda pourra donner aux poèmes de son mari le destin public que l'Union Soviétique avait peu à peu nié à cet homme ayant « l'habitude dangereuse de dire ce qu'il pense ».