Julius Winsome
Un puissant récit d'amour, de vengeance et de mort à l'image du paysage : âpre, froid, cinglant et sauvage, et aussi blanc et pudique qu'une forêt recouverte de neige. Un « roman coup de fusil » dont le style concis soutient le suspense haletant et ne tolère aucun relâchement, aucune mièvrerie. Julius Winsome, quinquagénaire, vit en ermite dans un chalet au coeur de la forêt du Maine. Fils et petit-fils d'anciens combattants qui lui ont transmis leur horreur de la violence, Julius ne chasse pas comme les hommes virils de la région. Il préfère lire les milliers de livres (notamment les oeuvres de Shakespeare) légués par son père aimant en même temps qu'un fusil rapporté par son grand-père anglais des champs de bataille de la Première Guerre mondiale, avec pour seul compagnon son chien Hobbes. La mort de ce dernier, sans doute tué par un chasseur, déclenche chez cet homme doux une fureur meurtrière. Les balles crépitent dans la forêt enneigée. Julius Winsome est l'histoire tendue et émouvante d'un « étranger » à la fois hypersensible et détaché, amoureux du langage et misanthrope. Avatar du Meursault de Camus qui tuait « à cause du soleil », Julius Winsome tue peut-être à cause de la neige, symbole de pureté et de deuil. À travers lui est dénoncée une certaine forme de virilité à l'américaine (esbroufe et violence), ennemie de la poésie et de la tendresse, et symbolisée par la chasse.