Disparition d'un chien
Un polar distancié sur un serial killer. Un hommage à Hitchcock (Fenêtre sur cour) et aux films polyphoniques de Robert Altman, dont, en effet, l'auteur imite le rythme, en multipliant les points de vue, en suivant les différents personnages (un peintre, un photographe, un musicien, une sculptrice, etc.). Dans un ensemble d'ateliers parisiens, un meurtre est commis. Une jeune comptable est trouvée étranglée. Tous les habitants vont enquêter, sous l'oeil de la narratrice dont un lointain cousin est journaliste. Parallèlement à l'observation de la narratrice, qui devient familière de tous les habitants, une romancière de polars, décide d'écrire un roman sur ce meurtre. C'est l'occasion, pour Catherine Lépront de clamer haut et clair ses principes d'écriture psychologique, poétique et politique, en opposition aux règles habituelles du polar, même sur une intrigue qui rappelle Fenêtre sur cour. Car, comme dans le film d'Hitchcock, un chien joue son rôle, mais disparaît inexplicablement. Le chien du titre est également le chien au coeur du mal, au coeur du meurtrier et de tous les tyrans. Plusieurs meurtres ont été commis selon une mise en scène analogue, qui laisse supposer que l'assassin photographiait ses victimes. Le roman se présente donc comme une enquête, mais ne s'arrête pas à la découverte du criminel (un psychopathe qui vit avec sa mère et a un petit boulot dans une agence de conseils financiers). La narratrice parle surtout de son amitié pour son cousin, fils de réfugiés espagnols antifranquistes, de leur enfance partagée, de l'amour soudain que ce cousin va éprouver pour la colocataire irlandaise de la victime.