Caïn
Dernier livre de José Saramago, décédé peu après sa parution au Portugal et en Espagne. Caïn est sans doute le roman qui condense le mieux l'érudition, les inquiétudes, les convictions et le talent de conteur du grand écrivain portugais, prix Nobel de littérature.
Résolument humaniste, furieusement anti religieux, d'un humour ravageur, Caïn est la reécriture libre d'une oeuvre, selon Saramago, de fiction, la Bible, à partir de l'un de ses personnages les plus emblématiques du mal et premier meurtrier de l'histoire: Caïn.
Qu’est-ce qui a poussé Cain à tuer Abel ? L’envie, comme le disent les Ecritures ? Non, répond Saramago : l’injustice de Dieu. Méprisé, rejeté, mal aimé du père céleste, Caïn le bon, le laboureur fidèle, s'est rebellé contre l'arbitraire et le favoritisme. Le coupable de la mort d'Abel, c’est Dieu.
Condamné à errer sur la terre, Caïn, qui erre aussi dans le temps biblique, succombe aux charmes de Lilith, assiste et participe à des événements qui le le révulsent et contre lesquels il s'insurge. Il arrête le bras d’Abraham, prêt à assassiner son propre fils, regarde épouvanté les enfants et les innocents périr dans le brasier de Sodome, assiste impuissant à la colère de Moïse passant au fil de l’épée les adorateurs du veau d’or, observe les massacres et les pillages perpétrés par les tribus d’Israël contre les Madianites, la prise de Jéricho, les souffrances inutiles infligées à Job.
Et lorsqu’avec Noé il monte dans l’arche supposée sauver l’espèce humaine, il prend une décision drastique qui mettra fin aux agissements inconsidérés de ce Dieu rancunier, cruel et corrompu. Caïn est, le roman de la lutte séculaire entre l'homme et Dieu, entre le créateur et sa créature.