La traversée des catastrophes : Philosophie pour le meilleur et pour le pire
Une traversée des catastrophes est d'abord une traversée des apparences. On y apprend à se défaire des clichés sur soi-même et sur les autres qui volent en éclats sous le choc des catastrophes : la maladie, la mort, la perte, les fêlures, même l'amour et le bonheur changent radicalement de sens et de valeur.
Mais une traversée des catastrophes exhibe aussi, sous toutes les vanités de l'immédiat, le noyau dur de la vie. Ce qui apprend, non à nous détourner de la mort pour méditer la vie seule, mais à dire encore la vie face à la mort. La vérité des catastrophes n'est pas que l'abîme et le néant, c'est aussi bien un vitalisme renouvelé, qui ne recule plus devant le plus bas, le plus douloureux ou le plus commun puisqu'il comprend enfin que ce n'est là rien d'autre que la vie même - pas la vie éperdue, pas la vraie vie, mais la vie tout court.
Finalement, c'est admettre que rien en ces affaires ne se traverse, ni ne se comprend complètement. C'est reconnaître qu'il y a toujours encore un pas à faire, parfois rapide parfois lent, par-delà toute joie et toute tristesse. Quand on est croyant, ce pourrait être une somptueuse dialectique de la dureté et de l'espérance. Quand on est athée, il ne peut s'agir que d'un manuel de survie. Ici, il s'agit plutôt d'un manuel de survie.