Désir d'être punk
Dans un carnet destiné au garçon dont elle est amoureuse, Martina, 16 ans, tente de décrire le changement qui s'est produit en elle depuis la mort du père de son amie Vera, un homme dont la sensibilité et l'altruisme forçaient son admiration. Elle s'appuie sur des paroles de chansons rock et sur certains événements (par exemple une manifestation en Grèce où un jeune homme a été tué par la police) pour expliquer qu'il faut avoir une attitude nouvelle face au monde dans lequel elle et ceux de sa génération vivent.
Ce nouvel état d'esprit rend plus difficile sa relation avec ses parents - son père vient d'être licencié - et avec son frère, mis en examen pour homicide involontaire dans un accident de la route. Elle décide alors de planifier une action spectaculaire et fait irruption dans le studio d'une station de radio, menaçant de se suicider si le technicien ne passe pas un thème d'Iggy Pop et ne la laisse pas lire un communiqué exigeant des locaux de réunion gratuits pour les jeunes. Désir d'être Punk est un roman générationnel où la musique n'est pas seulement un symbole d'identification personnelle, mais un domaine d'exploration de voix, de rythmes, de mélodies dont l'auteur se sert pour dessiner son personnage.
En lisant le carnet de Martina, le lecteur songe, bien sûr, à Holden Caulfield et les analogies sont nombreuses entre ces deux personnages. A cinquante ans de distance ils représentent des générations différentes dans des contextes différents, et la grande réussite de Bélen Gopegui est de transmettre, par un traitement rigoureux du langage, la véracité de son personnage, portrait merveilleusement réussi de la jeune génération de notre époque.