Le Livre des brèves amours éternelles
Andreï Makine s’est toujours montré très secret sur sa jeunesse : on peut néanmoins penser que Le livre des brèves amours éternelles nous apporte quelques précieuses clés. En une succession de scènes, d’histoires presque indépendantes les unes des autres, nous assistons à la maturation sentimentale d’un jeune Soviétique des années 60 et 70. Au début, c’est un gamin de dix ans placé en orphelinat qui, au cours d’une promenade, rencontre une belle jeune femme en deuil d’un marin, dont il tombe amoureux. A la fin, après bien des brûlures et des éblouissements, le narrateur a vingt-cinq ans, il a appris à se méfier des « orgues extatiques » de l’adolescence et à leur préférer le parfum d’éternité qui se dissimule dans certains paradis fugaces. Cela nous vaut de splendides portraits de femme, comme les éclats d’une mosaïque, enchâssés dans la palpitation du cosmos, la lumière d’un paysage, ou tout simplement dans la laideur d’une banlieue soviétique. Car l’oppression, la guerre, qui étaient au coeur de ses derniers romans, ne se sont pas effacés, mais se trouvent comme tenus à distance par la magie d’une prose toute en suggestions.