Une enfance de Jésus
Le jeune David et Simón, son protecteur, sont arrivés - on ne sait d'où - par bateau au camp de Belstar, où ils ont été reconditionnés afin de s'intégrer dans leur nouveau pays : nouveaux noms, nouvelles dates de naissance (âge de 5 ans attribué à David, 45 à Simón), mémoire lavée de tous souvenirs, apprentissage rapide de l'espagnol, langue du pays. Puis ils ont traversé le désert et ont atterri au Centre d'accueil de Novilla, où les services publics leur allouent un logement - sans loyer - ainsi que maints services gratuits, et l'aident à trouver un emploi de docker. David ayant perdu en mer la lettre qui expliquait sa filiation, Simón se fait le serment de lui trouver une mère que son intuition seule désignera. Inés, une trentenaire, est l'élue. Elle accapare l'enfant, dont elle fait sa chose et le soustrait au système éducatif, par la fuite vers encore une autre vie.
Coetzee s'intéresse-t-il au traitement utopique des réfugiés dans un système bureaucratique efficace et une société purgée de passion ? Aux rapports pédagogiques et tendres entre le gardien Simón et sa charge, David, enfant précoce, parfois cabochard ? Aux effets de l'ignorance dans laquelle se trouve un enfant qui ne connaît pas ses parents biologiques ? Autant de questions qui restent sans réponse, qui en amènent de nouvelles comme dans un cycle éternel.