D'une petite rafle provençale...
Intriguée par un poème d’Aragon décrivant une rafle survenue en août 1942 à Villeneuve-lès-Avignon, apparemment ignorée de tous, Nelcya Delanoë décide de chercher à en savoir plus long. D’autant qu’elle réside pour partie à Villeneuve.
Aucun témoignage oral disponible. Elle explore alors les archives et finit par trouver, non sans mal, la liste des dix Juifs étrangers visés par la rafle du 26 août 1942. Ce faisant, d’autres archives, parfois privées, et quelques témoignages oraux la mettent sur la piste d’une deuxième rafle, en date du 17 juillet 1943, et dont nul n’a jamais eu connaissance. Pas même un poète.
Celle-ci a été menée par des organisations locales, floues et autonomes, voyous et truands compris, en étroites relations avec la police allemande et les appareils maréchalistes. Nelcya Delanoë a pu finalement établir la liste des personnes victimes de ces arrestations.
D’une petite rafle provençale dévoile ainsi petit à petit les ambiguïtés mais aussi la richesse et la complexité de la vie sous Pétain dans un village du Gard, situé en zone « non occupée », pendant la Seconde Guerre mondiale. Par la même occasion, ce travail de micro-histoire met en évidence les difficultés de l’enquête et ses croisements, inattendus, avec la vie de l’auteur. Jusqu’aux « Voisins vigilants » de Villeneuve-lès-Avignon en ce début de XXIe siècle.