Je vous écris de Téhéran
« Alors, voilà, c'est fini. Je suis assise à l'arrière du taxi, nuit noire, fenêtres ouvertes au vent. La voiture file vers l'aéroport, un épais silence à ses trousses. Dehors, les rues sont désertes, les réverbères évanouis. Le nez collé à la vitre, je photographie du regard ce Téhéran que j'ai appris à aimer et qui se dérobe à nouveau. Au détour d'un carrefour, le chauffeur ralentit. Dans la pénombre, il slalome prudemment entre les poubelles calcinées, les carcasses de voiture incendiées. Derniers clichés d'une ville à l'agonie. Dans un frisson, je me dis que bientôt, il n'y aura plus de témoin pour raconter. Sous mon foulard, je me surprends à trembler, entre peur et tristesse. Tout en moi se révolte contre le tour que prend l'histoire iranienne, mon histoire. » Téhéran, été 2009.
En pleine répression des manifestations postélectorales, Delphine Minoui quitte précipitamment l'Iran. Quand lui revient le courage d'écrire, c'est avec une plume remarquable qu'elle raconte son quotidien sous la forme d'une lettre à son grand-père, livrant un témoignage poétique et bouleversant sur l'Histoire de l'Iran contemporain.
Au fil de cette missive, se dessine une contrée à la fois rêvée et redoutée, tiraillée entre ouverture et repli sur elle-même. Le regard d'une journaliste sur le pays de ses ancêtres se mue progressivement en un parcours identitaire.
Un récit autobiographique, reportage-pèlerinage d'une des rares femmes occidentales à avoir vécu au plus près de cette société iranienne, laquelle n'avait encore jamais été décrite avec tant de beauté et d'émotion.