L'Homme qui voulut acheter une ville
Pendant quelques heures, alors qu'ils sont rassemblés pour l'enterrement de « notre ami » (ainsi est-il seulement désigné), le passé commun de tout un groupe d'amis resurgit dans l'esprit et la conversation de chacun. Tous espèrent que viendra Gabriella, une Sicilienne qu'ils ont connue dans leur enfance et qui fut le grand amour malheureux de « notre ami ».
Pendant ces heures, on se remémore les jeux autour d'un ruisseau et l'arrivée de la petite communauté d'immigrants italiens parmi lesquels Gabriella, tout d'abord clandestine, puis plus ou moins intégrée. Le climat n'était alors guère favorable aux étrangers en Suisse et le sera de moins en moins. « Notre ami » ne voulait pas renoncer à cet amour de jeunesse, mais le père de Gabriella en décidera autrement et la piègera en allant en Sicile pour assister à un mariage. Il la convaincra d'épouser là-bas un riche propriétaire. Longtemps, « notre ami » espérera ramener Gabriella. Il voulait partir au Chili avec elle et, plus tard, au Wyoming où un fou vendait un hameau nommé Buford. « Notre ami » en rêvait, pour en faire une sorte de havre, de refuge pour tous les démunis.