La Mouche
Vers le milieu des années 90, Lewis Trondheim s'essaie pour la première fois à une histoire muette. Ce sera celle d'une mouche toute noire avec des dents en pagaille, des ailes, deux grands yeux et une paire de chaussures qui rappellent vaguement Mickey Mouse.
Sur 100 pages en gaufrier de 6 cases, cette mouche naît (dans une poubelle), vole (dans une cuisine), mange (de la pomme, du sucre, du sel), boit la tasse (dans un fond de canette), devient l'amie d'un coléoptère cornu (avec qui elle se marre vraiment bien) et l'ennemie d'un chat et d'une araignée (par qui le malheur arrive), puis s'électrocute dans le grille-pain et devient, en quelques cases sciences fictionnelles, géante et terrifiante.
Chaque nouvelle aventure de ce personnage nous renvoie à l'émerveillement des premières expériences de l'enfance et l'ensemble pourrait devenir sottement niais si une bascule dans un scénario cauchemardesque n'opérait peu à peu pour une fin cosmique drolatique.
Avec une alternance de dessins en plongée, contre-plongée, gros plans ou plan large, Lewis Trondheim impose ainsi le rythme fou du vol erratique de sa mouche. Quant au rire, l'humour potache entre les personnages doublé d'un humour de situation renouvelé à chaque séquence, il est présent à toutes les pages, pour notre plus grand plaisir.