Correspondance générale (Tome 8-1828-1830)
L’année 1828 commence pour Chateaubriand par un deuil cruel, celui de Claire de Duras qui s’est éteinte le 16 janvier. Mais pour l’ancien ministre des Affaires étrangères, que de promesses dans le nouveau ministère Martignac, qui lui redonnera peut-être la place qui avait été la sienne dans l’appareil de l’Etat.
Hélas ! L’éternel opposant se heurte à une fin de non-recevoir, qui s’adoucit quand on lui propose l’ambassade de Rome. D’octobre 1828 à mai 1829, le nouvel ambassadeur gagne la confiance de Léon XII, devient le mécène des artistes de la villa Médicis et se rend populaire par le bon goût de ses réceptions et des fouilles archéologiques qui le consolent mal d’avoir renoncé, pour des motifs politiques, à faire représenter sa tragédie Moïse à Paris.
Le 10 février 1829, Léon XII meurt brutalement et, dans le conclave qui s’ouvre pour nommer son successeur, Chateaubriand trouve une occasion majeure de déployer son activité diplomatique. Le cardinal Castiglioni, l’un des favoris du gouvernement français, est élu sous le nom de Pie VIII et Chateaubriand exulte.
Mais la nomination au secrétariat d’Etat du cardinal Albani, une créature de l’Autriche, contrarie si vivement le ministère qu’il adresse à Chateaubriand une lettre de reproches que l’ambassadeur prend très mal. Usant du congé qu’il avait demandé, il quitte Rome pour Paris, où il retrouve Mme Récamier, sa confidente des bons et des mauvais jours.
Il rencontre aussi pour la première fois Mme de Vichet et Léontine de Villeneuve, avec lesquelles il entretenait une correspondance amoureuse depuis près d’un an. Tandis que Chateaubriand hésite à retourner à Rome, la formation du ministère Polignac, en août 1829, lui fait donner sa démission d’ambassadeur.
En 1830, les ordonnances de Juillet et les Trois Glorieuses qui changent le destin de la France trouvent Chateaubriand fidèle à son engagement légitimiste. Après avoir prononcé son discours d’adieu à la Chambre des pairs, il croit sa carrière politique finie et, ruiné, sans illusions, songe à quitter la France pour continuer la rédaction de ses Mémoires, enrichis par les expériences des trois dernières années.