Géronimo a mal au dos
« Mais regardant cet homme au milieu des rires et des chansons, comme un chêne dans son feuillage ; ce danseur crucifié à côté de la piste, (.) ce père que j'ai craint comme l'orage et que j'ai fui pour ne pas avoir à le détester, je me dis qu'il y a pire douleur que tous les arbres de la forêt abattus, tous les massacres en images, c'est de voir un homme en silence, qui pleure. » Nous retrouvons Simon, le narrateur de Un été autour du cou, précédent roman de Guy Goffette. Devenu un homme, il raconte les relations complexes qu'il a eues avec son père tout au long de sa vie. « Geronimo » était un homme rude, exigeant, incapable d'exprimer son affection, et pourtant admiré de son fils, qui aura attendu en vain un geste, un mot capable de lui donner confiance. La personnalité de ce père silencieux, communiste, plâtrier puis entrepreneur, mais aussi catholique, dur à la tâche, reste à contre-jour, comme si le narrateur ne pouvait voir en lui qu'une ombre en voie d'effacement. Le récit cependant ne sombre pas dans la mélancolie ou les regrets, il reste léger, un peu à distance. C'est un texte touchant, délicat, magnifiquement écrit et composé.