Dialogues manqués/Marconi, si je me souviens bien
Deux hommes dans une grande pièce. L'un joue de l'orgue de Barbarie. L'autre, qui ressemble à Fernando Pessoa, annonce qu'il interprète bel et bien Pessoa et qu'il veut téléphoner au dramaturge Luigi Pirandello, car il n'a pas réussi à le rencontrer lors du séjour de celui-ci à Lisbonne en 1931, un dialogue manqué.
Une chambre d'hôpital, dans laquelle un homme se faufile, prétextant être le frère du grand blessé qui vient de mourir, encore allongé sur le lit. Durant cette veillée, l'homme dialogue avec sa conscience, invective le mort, rappelle des souvenirs de famille et se penche sur le temps, ce temps qui passe trop vite. Un autre dialogue manqué.
Un studio de la BBC, à Londres, dans les années trente, et une émission en forme de conversation, qui évoque Guglielmo Marconi, l'inventeur de la télégraphie sans fil, avec un historien, un anarchiste italien aux prises avec le fascisme, et le grand écrivain anglais George Orwell, racontant moins ce qui est advenu que ce qui adviendra.
Avec l'érudition joyeuse et la délicate pointe de mélancolie qu'on lui connaît, Antonio Tabucchi nous livre trois pièces courtes, les deux premières écrites pour la scène et la troisième pour la radio, qui rappellent combien l'auteur de Pereira prétend est à l'aise dans tous les registres et toutes les formes que prend la littérature.