Dispersez-vous, ralliez-vous !
Myriam, la narratrice, raconte sa vie par brèves séquences rétrospectives. Tout commence alors qu'elle est encore une adolescente extrêmement introvertie qui vit chez son père qui l'a élevé seul. La mort de leur voisine fait débarquer dans le quartier un homme d'une quarantaine d'années, Yann, qui vient débarrasser la maison de sa mère. Très vite la narratrice se trouve prise dans les rets de cet homme, qui devient son premier amant.
Peu après, voici Myriam et Yann mariés. À l'instigation de Maria, la soeur de Yann, Myriam se libère de ses inhibitions de jeune fille : elle s'habille de façon plus féminine, accepte de sortir, mais se tient à l'écart des soirées que fréquente Yann et dont on ne saura jamais rien.
Myriam accouche d'une petite Caroline, mais n'éprouve aucun sentiment maternel. Le frère de Myriam, Nathan, et leur mère réapparaissent pour se disputer l'héritage de la maison paternelle, Myriam tranche la question en incendiant la maison.
Drogue, amants, maîtresses, confusion des sentiments. Par le jeu d'ellipses toujours habilement distillées, le récit progresse jusqu'à l'opération de Yann, durant laquelle une Myriam métamorphosée prend temporairement les commandes de sa boîte de production. Désormais pleine d'assurance, en bon terme avec Yann, aimante avec sa fille, elle rompt avec son amant.
Et la vie continue.
Chronique d'une émancipation borderline, ce roman raconte une vie entièrement construite à la faveur de rencontres et de situations, et hors de tous codes ou modes d'éducation traditionnels.
À travers le regard de sa narratrice, Philippe Djian réussit à balayer quinze années dans la vie d'une femme, de son adolescence à ses trente ans. Particularité de ce livre : une dizaine d'ellipses font progresser le récit parfois de quelques semaines, parfois de beaucoup plus, sans jamais perdre le lecteur. On sait tout de l'histoire de Myriam, ou peut-être ne sait-on rien, ces blancs nous ayant peut-être caché l'essentiel, que Myriam n'aura jamais dit.