Correspondance (1941-1959) et autres textes
Plus de quinze ans s'écoulent entre la première lettre échangée entre André Malraux et Albert Camus le 30 octobre 1941 et l'ultime billet envoyé par ce dernier à son ami. Quinze ans durant lesquels Albert Camus est devenu cet « écrivain important » qu'André Malraux avait pressenti dès la lecture du premier manuscrit de « L'Étranger » ; quinze ans qui voient le militant enthousiaste du Théâtre du travail d'Alger devenir un intellectuel engagé et reconnu mondialement. Quinze ans pour que le jeune homme qui envoyait timidement à son ainé son premier recueil de textes, reçoive le Prix Nobel de littérature. Quinze ans pour que le brillant compagnon de route du Parti communiste se rallie au gaullisme et en devienne le fervent propagandiste. Quinze ans pour que le Prix Goncourt de 1933 se détourne du genre romanesque pour se consacrer aux écrits sur l'art, tandis qu'Albert Camus, qui a connu à son tour le succès avec « La Peste », s'investit avec passion dans la voie du théâtre, si étrangère à André Malraux. Quinze ans, trente-sept lettres, des rencontres et des échanges, pour passer de « l'admiration » à « la pensée amicale » : Albert Camus grandit sans renier le « maître de sa jeunesse » tout en trouvant sa propre voie, André Malraux poursuit sa réflexion et réalise ses rêves de destin historique. Estime et attention réciproques marquent cet échange épistolaire prenant sa source dans la genèse éditoriale et littéraire d'une grande oeuvre.