Correspondance (Tome 2-1900-1938): (1893-1938)
La nouvelle édition en deux tomes de cette correspondance, révisée et savamment annotée par Pierre Lachasse et Pierre Masson, rassemble 554 lettres, dont 260 inédites. L'amitié virgilienne entre le « pâtre » (Gide) et le « faune » (Jammes), à laquelle nous conviait le premier tome, montrait déjà les prémisses de la rupture : comme le voudrait Jammes, Gide ne se détache pas des « théories », celles de Nietzsche, et se fait l'apôtre des nourritures « terrestres » plutôt que « divines ». Dans ce deuxième tome (1900-1938), qui s'interrompt avec la mort de Jammes, la rupture intervient au début de l'année 1910 et la correspondance se fera de loin en loin pendant les quelques trente dernières années. La non-conversion de Gide, malgré Claudel, et la révélation de son homosexualité n'empêcheront cependant pas Jammes de conserver son amitié pour celui qu'il renoncera à sauver. Aux doutes et à la patience de Gide, traçant son chemin en libre penseur, s'opposent la foi et la rigidité de Jammes, cependant non dénué d'humour et de dérision. Cette correspondance témoigne d'un combat intellectuel entre deux hommes protégés par la poésie et l'estime mutuelle. Nous publions également, en annexe, 18 lettres inédites de Madeleine Gide à Francis Jammes, où se révèle un réel talent d'épistolière. Quatre index (personnes, périodiques, oeuvres de Gide, oeuvres de Jammes), renvoyant aux lettres des deux tomes, figurent à la fin de ce volume.