Les Mains d'Isis
Tous les hommes, on le sait, sont hantés par le Temps. Odi quod facit, sed facit quod sum. «Je hais ce qu’il fait, mais il fait ce que je suis», écrivait déjà Frédéric Ohlen dans La Peau qui marche (1999).
Dans la ruée ou à mi-voix, de Vanuatu jusqu’à Rome, sur les collines de Sendai ou dans les rues de Raiatea, la Mort est là, en filigrane ou triomphante. Hymne à la vie qui va et demeure, les quarante-deux poèmes du livre se présentent comme le moyen ultime de la prédire et de la saisir, de la deviner – puis de s’en défaire.
Car le poète avance «un lotus dans les carotides». On ne naît pas, on ne s’éveille pas par accident, assure-t-il. Nos vies ont un sens, en dépit des séismes.
Écrire, donc, mais a fresco, sur le vif. Rassembler les fragments épars. Recoller au corps. Pour retrouver, loin des «pluies de colères», sang et chair sur les restes de notre humanité, «obscène dans le feu de son évidence», la beauté.