En quête de L'Étranger

Auteur : Alice Kaplan
Editeur : Gallimard

La lecture de L'Étranger tient du rite d'initiation. Partout dans le monde, elle accompagne le passage à l'âge adulte et la découverte des grandes questions de la vie. L'histoire de Meursault, cet homme dont le nom même évoque un saut dans la mort, n'est simple qu'en apparence, elle demeure aussi impénétrable aujourd'hui qu'elle l'était en 1942, avec ses images à la fois ordinaires et inoubliables : la vue qui s'offre depuis un balcon par un dimanche d'indolence, les gémissements d'un chien battu, la lumière qui se reflète sur la lame d'un couteau, une vue sur la mer à travers les barreaux d'une prison. Et ces quatre coups de feu tirés en illégitime défense.
Camus était fier d'une innovation littéraire singulière qui relève presque de l'artifice : l'histoire est racontée à la première personne, procédé censé permettre au lecteur d'entrer dans la tête du narrateur alors que tout est fait pour lui rendre impossible de se sentir proche de Meursault. On peut nourrir une idée assez juste de la critique littéraire au XX e siècle en observant les approches successives dont L'Étranger a fait l'objet : existentialisme, nouvelle critique, déconstruction, féminisme, critique postcoloniale, voire, selon Sartre, « du Kafka écrit par Hemingway ». Mais personne n'a fait la biographie de ce premier roman qui a bouleversé le genre au point que son avènement dans le paysage littéraire apparait comme une sorte d'accident de l'évolution - un accident qui aurait donné naissance à toute une nouvelle espèce.
Avec Alice Kaplan, le lecteur repère les premiers signes annonciateurs du roman dans les carnets et la correspondance de Camus, traverse les années de son élaboration progressive, observe, comme par-dessus son épaule, d'abord l'écrivain au travail, puis les mots sur la page, accompagne l'auteur mois après mois pour entendre l'histoire du roman racontée de son point de vue.
Une histoire qui ne s'achève pas avec la publication du roman en 1942, ni avec la mort brutale de Camus, fauché en 1960 par un accident de la route à l'âge de 46 ans. Elle ne montre aucun signe de dépérissement : soixante-quatorze ans après la première édition, et plus d'un siècle après la naissance de Camus, L'Étranger s'est vendu à plus de 10,3 millions d'exemplaires sur le seul territoire français et est traduit dans une soixantaine de langues..
Aussi longtemps qu'il y aura des lecteurs de roman, L'Étranger continuera de vivre : quel auteur peut rêver d'une telle longévité ?

22,00 €
Parution : Septembre 2016
336 pages
ISBN : 978-2-0701-7858-2
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