L'églantine et le muguet
« Ce livre est un récit de voyage. Le voyage que j'ai fait dans ma région natale, l'ouest conservateur et clérical de l'Anjou, pour retrouver ce qui caractérisait l'éducation républicaine que j'y ai reçue, de parents instituteurs, au milieu du siècle dernier.
C'est une certaine idée de la république, forgée au XIXe siècle dans la retombée des révolutions, la contre-offensive catholique et les débuts de l'expansion coloniale. Une république guerrière, avec ses symboles, son drapeau, son école dressée contre le pouvoir de l'église et des châteaux.
Ses idéaux de justice, d'émancipation, de progrès. Mais aussi ses limites, et ses aveuglements.
Le lourd passé de la guerre de Vendée. La contradiction entre les principes républicains et la réalité coloniale. Un universalisme abstrait. Une défiance continuée envers « la sociale ».
Or ce sont précisément ces traits négatifs qui se réveillent aujourd'hui par la voix d'une frange très combative de néo-conservateurs, dans une surenchère de laïcité et de nationalisme identitaire, centré sur « nos valeurs » et « nos racines ».
Pour répondre aux défis de la mondialisation, de l'immigration, de l'intégration, ce n'est pas de cette république-là que nous avons besoin, mais d'une république généreuse, consciente de ses fautes passées. Juste, post-coloniale, ouverte aux différences. Sociale.
Placée sous le signe de l'églantine rouge, autrefois fleur du 1er mai ouvrier, chassée sous Vichy par le muguet, fleur de la Vierge Marie. »