Une voix, un regard: Textes retrouvés (1947-2004)
En dehors de sa correspondance dont seuls quelques fragments ont paru, Jean Grosjean semble n'avoir laissé aucun inédit au sens strict du terme. On a pu néanmoins réunir facilement une assez importante quantité de textes confiés à diverses publications, mais qu'il n'avait pas jugé susceptibles d'être un jour repris en volume. Il faut dire avec modestie qu'il se trompait ou plutôt se montrait trop modeste. Quasiment constante à partir de 1953 et durant vingt-cinq années, sa présence à la rédaction de La Nouvelle Revue Française s'est traduite par un nombre considérable de chroniques et de notes. En particulier dans les domaines des essais et de la poésie, on voit s'y exercer, selon certains critères d'exigence acquis dans sa pratique des Ecritures, l'activité critique du lecteur de littérature qu'il est aussi, et dont le tour d'esprit comme les inclinations placent toujours leur objet sous un éclairage qui en renouvelle l'approche. Parallèlement à ses travaux portant sur l'Ancien Testament et le corpus johannique (Evangile, Apocalypse), et conjointement à son intérêt pour les textes fondateurs qu'il a contribué, en compagnie de J.M.G Le Clezio, à restituer dans la collection " L'Aube des Peuples ", Jean Grosjean a de la sorte, au fil du temps, donné à l'actualité une attention qui bénéficiait de sa familiarité avec l'immémorial, et où se retrouvent les traits de sa pensée étrangère aux systèmes et aux modes.